Membres | Doctorants
Jean-Hugo Ihl

Membre du collège doctoral franco-allemand « Construire les différences : pratiques, récits, médias » (EHESS – Humboldt Berlin – TU Dresden)
Coordonnées professionnelles
Centre Alexandre-Koyré
Campus Condorcet / Bâtiment EHESS
2 cours des Humanités, 93322 Aubervilliers, France
Thèse en préparation
Une autre invention de la « race ». L’école de Vienne entre science et politique (1910-1960), sous la direction de Anne Rasmussen (EHESS) et Paul-André Rosental (Sciences Po)
Quels sont les arrière-plans des usages catholiques de la « race » bâtis par les anthropologues missionnaires au XXème siècle ? Telle est la question centrale qui anime ce projet doctoral consacré à l’histoire sociale et politique d’une des pages les plus méconnues de l’institutionnalisation de l’anthropologie comme discipline académique. Refusant l’évolution darwinienne, l’Eglise catholique a développé une science militante (ecclesia militans) proposant sa propre définition de la notion de « race ». Celle-ci, inspirée par la théologie, était censée délivrer une preuve ethnographique de Dieu (ethnologischen Gottesbeweis). Elle entendait démontrer l’existence de peuples proches de l’état de “création”, ce qu’elle appelle « les hommes des origines » (Urmenschen). Les missionnaires en charge de cette action firent un large usage des catégories raciales. Leur but : ouvrir une voie médiane opposée à la fois à l’école sociologique Durkheimienne et aux théories évolutionnistes. Pour ces prêtres, aucun peuple n’est supérieur aux autres ; « race » et « culture » expliquent néanmoins les différences entre groupes humains. Ce paradigme est loin d’être anecdotique. Il a eu une importance considérable dans le développement des missions savantes en Europe mais aussi aux Etats-Unis ou en Amérique latine. Durant les années 20 et 30, ces thèses missionnaires soutenues par le Vatican connaissent une circulation académique sans précédent. Leurs représentants s’intègrent à toutes les grandes sociétés d’anthropologie et y captent d’importants moyens.
Revenir sur les contextes et le développement de ce militantisme académique, c’est faire plus qu’une archéologie de l’anthropologie : c’est tenter de restituer une nébuleuse réformatrice (C. Topalov) qui connait depuis quelques dizaines d’années une nouvelle vigueur doctrinale. Ce monde de réformateurs sera ici appréhendé par la micro-histoire d’un réseau de savants au sein duquel les figures de Wilhelm Schmidt (1868-1954) et ses disciples Martin Gusinde (1886-1969), Wilhelm Koppers (1886-1961) et Paul Schebesta (1887-1967) constituent les pièces maitresses. Ces savants allemands – à la fois missionnaires et anthropologues – ont voulu réconcilier les contraires, ceux de la raison et de la foi, de la race et de l’universel, du catholicisme et des religions primitives. L’enquête sur ce réseau, patronné par le Saint Siège, offre l’occasion de découvrir un petit monde (D. Lodge), celui d’universitaires et d’”entrepreneurs de foi” étroitement liés aux fracas du siècle : rivalité des grandes puissances européennes, montée du nazisme, décolonisation, début de la guerre froide… Une anthropologie missionnaire qui est restée peu investie par les recherches contemporaines malgré son importance dans le recueil de données et dans l’activité théorique de cette discipline.
Thèmes de recherche
- Socio-histoire de l’anthropologie culturelle et physique
- Eglise catholique et catégories raciale
- Science et religion
- Créationnisme et évolution
Mémoire de recherche
Entre science et politique. La correspondance de l’anthropologue et missionnaire Martin Gusinde (1886-1969), sous la direction de Morgane Labbé (CRH)
Dernière mise à jour : mars 2021
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Centre Alexandre-Koyré
UMR 8560 EHESS/CNRS/MNHN
Campus Condorcet / bât. EHESS
2 cours des Humanités
93322 Aubervilliers cedex
France