2015-2016 |

Juan Pimentel

Pimentel

Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC), Departamento de Historia de la Ciencia, Madrid

Professeur invité à l’EHESS, Paris, mars 2016

 

Conférences

 

1.  Mardi 8 mars

Dans le cadre du séminaire Histoire et anthropologie du monde ibérique

Colegio de España, Cité universitaire internationale, 7 E boulevard Jourdan, 75014 Paris

Natures mortes. Triomphe de la peinture et collectionnisme dans l’Espagne baroque

Une vieille rivalité existe entre la science moderne et la culture du Baroque, qui obéit à l’opposition entre art et connaissance, mais aussi à l’antagonisme entre modernité et culture catholique. Tout au long du XVIIe siècle la cour espagnole connut simultanément ce qu’on a appelé le « triomphe de la peinture » et la perte d’élan des courants qui étaient en train de forger la tradition de la science moderne. Dans cette conférence on s’intéressera à quelques-unes des images liées à ce double processus. On se penchera sur les collections royales et celles de membres de la noblesse. On s’arrêtera sur quelques-uns des bodegones les plus emblématiques de la période, la peinture de vanités et les gravures de certains atlas anatomiques. Derrière ces images on retrouve des traces des relations difficiles entre les arts et la connaissance de la nature, ainsi que quelques pistes pour déchiffrer des paradoxes de la « Péninsule métaphysique ».

 

2. Mardi 15 mars

Dans le cadre du séminaire de Kapil Raj, Les frontières mouvantes entre sciences et savoirs (XVIIIe-XXe siècle)

EHESS, 105 boulevard Raspail, 75006 Paris, salle 9

La flore de papier : Mutis, la botanique des Lumières et le trésor invisible

L’expédition botanique au Nouveau Royaume de Grenade (1783-1808) fait partie du vaste programme d’exploration scientifique promu par les Lumières dans le Nouveau Monde. La metropole souhaitait rentabiliser les ressources naturelles américaines, et transformer l’ancienne monarchie en un empire modern. Elle crut avoir trouvé un dorado végétal. Le directeur de l’expédition néo-grenadine, le médecin et naturaliste José Celestino Mutis, qui aspirait à devenir un nouveau Francisco Hernández, occupe une place de relief dans le panthéon de la culture créole en tant qu’introducteur des sciences et précurseur de l’émancipation intellectuelle. On a beaucoup écrit sur lui et son extraordinaire ouvrage la Flora de Bogotá, inachevé. Issue de l’atelier de peintres de Mutis, la Flora est une collection de plus de 5 400 planches qui constituent un des grands trésors de la science latino-américaine. Dans cette conférence il sera question de systématique linnéenne et d’iconographie patriotique, mais aussi d’invisibilité et d’un capital symbolique aussi disputé qu’occulté.

 

3. Mercredi 16 mars, 17h-19h

Dans le cadre du séminaire d’Antonella Romano, Rafael Mandressi et Jean-Marc Besse, Savoirs et productions du monde au XVIe siècle : Lieux, acteurs, échelles

EHESS, bât. France, salle 2 (rdc), 190-198 av. de France 75013 Paris

Les langages de la carte

Le 27 septembre 1513, du haut d’un promontoire de la cordillère du Darién, Vasco Núñez de Balboa aperçut la mer. Deux jours après, il prenait possession de la Mer du Sud, qui se révèlerait quelques années plus tard comme l’Océan Pacifique. On reconstruira dans cette conférence la journée de l’adelantado, en pondérant la contribution indigène et en discutant la notion même de découverte d’après l’argument classique d’Agustine Brannigan dans The social basis of scientific discoveries. Or en plus d’expliquer comment Balboa parvint jusque-là, il faut s’interroger sur ce qu’il s’attendait à y trouver et comment il fit représenter sa trouvaille. On se servira de deux ellipses ou pistes de la chronique de Fernández de Oviedo, qui nous conduiront à deux images : une gravure qui représente la rencontre entre Balboa et Ponquiaco, le prince de Comogre qui l’a informé sur l’existence de l’océan, et un portulan qui enregistre pour la première fois la côte de la Mer du Sud dans l’isthme de Panama.

 

4. Mardi 22 mars, 19h-21h

Dans le cadre du séminaire de Rafael Mandressi et Anne Carol, Histoire de la médecine et des savoirs sur le corps

EHESS, 105 bd Raspail 75006 Paris, salle 2

Leçon d’anatomie : Ramón y Cajal, le regeneracionismo et la science perdue

En 1915 Santiago Ramón y Cajal, un des pères de la neurologie moderne, s’est fait prendre un portrait photographique à la manière classique, avec quelques-uns de ses disciples et collaborateurs. Il s’agit de la leçon d’anatomie, une photographie réalisée par Alfonso, un important photographe de la première moitié du XXe siècle, à qui on doit des portraits de García Lorca, Antonio Machado et Pío Baroja, entre autres. Cette image nous permettra d’explorer les relations entre art et connaissance dans plusieurs directions. On s’arrêtera d’abord sur le genre pictural des leçons d’anatomie et les portraits de scientifiques, pour aborder ensuite les relations entre histologie du cerveau, photographie et dessin, puisque les recherches de Cajal ont été considérablement marquées par son intérêt pour la photographie et les techniques d’imprégnation. On analysera, enfin, la symbolique et la signification de l’instantané, qui propose une leçon sur la régénération du corps social et l’invention d’une tradition.

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